vendredi 31 décembre 2010

Culture. 2010, l'année zombie?



Pour bien finir 2010, pourquoi ne pas aborder l'une des actualités majeures de l'année? Le scandale du Mediator qui a causé des milliers morts juste pour enrichir un vieux salopard? La fabuleuse aventure des 33 mineurs chiliens qui ont survécu 69 jours à 700m sous terre? Nicolas Sarkozy, qui s'accroche au pouvoir malgré des élections perdues (ah zut mes doigts ont glissé sur le clavier, je voulais bien sûr parler de Laurent Gbagbo)?

NON. Je veux bien entendu parler de la nouvelle vague d'invasion de zombies amorcée en 2004 et qui s'est accélérée à partir de 2008 pour connaître son apogée cette année.




Sur Iphone, nouvelle plate-forme ludique à la mode, les jeux à base de zombies sont devenus un genre à part.

Sur les plateformes ludiques plus traditionnelles, le jeu de guerre "Call Of Duty Black Ops", qui au niveau des coûts de production et du chiffre d'affaire est comparable à des films comme Avatar, comporte comme il se doit un mode zombie. "Red dead rédemption", nouveau jeu de l'éditeur Rockstar (GTA) et l'un des plus gros succès de l'année, qui se déroule au far-west à la grande époque des cowboys, a lui connu une extension avec plein de zombies dedans. Et l'un des jeux multijoueurs les plus joués aujourd'hui reste "Left4dead 2" ou "Dead Rising 2" où vous êtes invités à dégommer avec vos potes des hordes de zombie.

Au cinéma, après "Zombieland" (en 2009), et une flopée de séries Z à base de zombies (dont "Big tits Zombie" une production… japonaise ou son équivalent américain, deux ans plus tôt, "Zombie strippers" avec l'ex star du porno Jenna Jameson!) et également des productions françaises ("Mutants" et "La horde" en 2009), on vient d'apprendre la mise en chantier d'une grosse production américaine"World war Z" avec Brad Pitt, adaptée d'un roman de Max Brooks (le fils de Mel!) qui, après avoir été auteur pour "Saturday Night live", s'est spécialisé dans les livres de zombie (à l'instar d'un David Wellington, auteur des "Zombies story"). Ces dernières années, quelques films cultes avaient préparés le terrain : l'hilarant "Shaun of thé dead" (2004) ou encore le très bon remake du film de Romero de 1978, "L'armée des morts" (également 2004).

A la télé, on avait bien sûr eu droit en 2008 au très réussi "The Dead set" où des morts vivants s'en prennent aux émissions de télé réalité (cette mini série est bien entendu une production UK). Cette année c'était le tour de "Walking dead", la nouvelle série d'AMC (qui produit pas moins que "Breaking bad" et "Mad men") basée sur un comics américain à succès qui sort un épisode par mois depuis 2003 (adaptation qui au final s'est révélée bien décevante mais qui sera reconduite pour une seconde saison).

La littérature n'est pas oubliée. Publiée en 2009, la version zombie d'Orgueil et préjudices de Jane Austen signée Seth Grahame-Smith (publiée en France chez Flammarion), a fait sensation, ouvrant la voie aux parodies à la mode zombie ("Queen vicotria, démon hunter", "I am Scrooge : A Zombie story for Christmas",...). Autre tendance du moment, les guides de survie en cas d'invasion zombie (le classique du genre signé par Max Brooks "Guide de survie en territoire zombie" est disponible en collection "Livre de Poche").

Les Morts vivants ont également envahis les comics et la BD : Au-delà de "Walking dead", citons "Zombies, la divine comédie" (Soleil), "Jésus la terreur des zombies" (Stara),...

Non que le phénomène zombie date d'hier. Personnellement je suis fan de zombies depuis la fabuleuse "Nuit des morts vivants" (1968) de George A. Romero. Mais pourquoi les zombies rencontrent un tel succès?

On aime se faire peur bien sûr, et pour cette raison on adore les monstres. Certains monstres ont toutefois plus de personnalités que d'autres. Les vampires sont également à nouveau à la mode depuis déjà trois-quatre ans avec notamment "Twillight" et "True blood". Mais les vampires sont sexy, ambigus,… ce qui n'est pas vraiment le cas des zombies.

Les zombies nous renvoient juste à première vue à une peur plus primaire, moins complexe. Il n'y a rien d'attirant, de sexuel chez les zombies (encore qu'en 2004 une société de production ait produit un film porno de zombie "Re-penertrator"). Les zombies nous renvoient à notre peur de la mort. Une peur brute sans concession. Si le vampire peut nous faire fantasmer sur l'immortalité, ce n'est pas le cas du zombie. Personne ne peut se rêver zombie. Le zombie c'est forcément l'autre.

Mais le zombie est depuis bien longtemps l'une des créatures préférées des fans de gore. En effet, si le vampire est lui une créature fort distinguée, aristocratique, qui fait deux petits trous dans la gorge de ses victimes, le zombie lui a faim, il éventre, il éviscère, il bouffe….

George A. Romero, en a fait aussi un médium de critique social mettant en exergue notre manque d'humanité dans les moments de danger extrême, ou la vanité du matérialisme humain ("Dawn of thé dead" se passe dans un centre commercial). Dans "Land of the dead" (2005), le réalisateur compare les zombies aux habitants tu tiers monde, des survivants qui tentent de se faire une place face aux riches qui s'abritent dans leur tour d'ivoire.

Les zombies sont aussi souvent les fruits d'expériences scientifiques qui ont mal tournées. De manière typique, dans l'amusant "Let sleeping corpses lie" (production italo-espagnole de 1974 tournée en Angleterre), les zombies proviennent de l'expérimentation dans la campagne anglaise d'ondes sensées remplacées les pesticides.

Bref, les zombies ont encore de l'avenir devant eux. Et les livres d'analyse sur le phénomène se multiplient for logiquement : "Zombies!" (Les Moutons électriques), "Politique des zombies : L'Amérique selon George A. Romero" (Ellipses),…

Allez courage, quelque chose me dit qu'on a pas finit de bouffer du zombie!

Pour plus de lecture (en anglais) :

http://www.usatoday.com/life/books/news/2009-04-08-zombies-pop-culture_N.htm
http://uk.ps3.ign.com/articles/114/1141840p1.html

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