samedi 10 avril 2010

Cinéma. De la 3D partout? Arf, non pitié!



Suite au triomphe invraisemblable d'Avatar, le dernier film de James Cameron, tourné en 3D, les producteurs de tout poil ont décidé de se précipiter sur le tout dernier phénomène à la mode, excités comme de jeunes chiens de chasse qui ont réussi à coincer leur premier lapin.




Car la 3D pourrait bien sauver le cinéma mondial (car apparemment il en a besoin). Après tout, si Avatar remporte la palme du film le plus rentable de l'histoire, détrônant Titanic, ce n'est pas grâce à son nombre d'entrées, mais grâce à l'inflation du prix des tickets de cinéma et à ce que j'appellerais la taxe 3D (soit un surcoût de quelques euros qui porte quand même le tarif de la place de cinéma à 13 euros dans certaines salles françaises!).

D'ou une surenchère actuelle avec une pléthore de films qui arrive dans nos salles, tournés en 2D mais convertis à la volée en 3D : "Alice au pays des merveilles", "le choc des titans", "Robin des bois",... Bref, le mot d'ordre semble être aujourd'hui : mon blockbuster sera en 3D ou ne sera pas.

Pourtant, James Cameron, qu'on peut difficilement critiquer pour son manque de clairvoyance, les avait prévenus : Attention de ne pas vous fourvoyer dans de la 3D au rabais : "Il faut 6 mois à un an pour faire correctement une conversion 3D en post production".

Après avoir visionné "Alice au pays des Merveilles", le dernier Tim Burton produit par Disney, en 3D au Grand Rex sur écran géant, le constat est sans appel. L'image est terne et couverte par un filtre gris (on se surprend parfois à enlever ses lunettes pour avoir l'opportunité de voir enfin un écran clair) et de toute façon la 3D est très rarement exploitée. Tout ça pour environ 10 mn d'effets 3D, ça ne vaut qu'un immense BOF!

La 3D n'est pas vraiment une invention nouvelle. "le crime était presque parfait" (1954), "Creature from the black lagoon" (1954), ou encore "Emmanuelle IV" (1984) nous ont fait déjà le coup. Et si depuis ce temps la technologie de cinéma en relief ne s'est pas imposée en salles, ce n'est pas pour rien. Et même si la technique a bien évolué, la 3D n'est pas une fin en soi. Pour être convaincante, il faut que la 3D implique vraiment une autre façon de tourner (le scénariste et le réalisateur doivent penser leur film en relief), et surtout qu'elle connaisse ses limites. Qui a envie de voir un Ken Loach en 3D? Rien à voir avec le passage du cinéma du muet au parlant ou du noir et blanc à la couleur. La 3D est-elle une révolution? Non pour l'instant elle reste un simple gadget.

Bref avant une exploitation marketing de la 3D, il faudrait qu'elle soit précédée par une véritable réflexion. Sinon, la 3D ne sera qu'une mode passagère qui ne tardera pas à s'effondrer quand les spectateurs auront décidé qu'on les a suffisamment pris pour des pigeons.

1 commentaire:

Lilas Conuts a dit…

Tout à fait d'accord, je crains aussi la tridimentiation à outrance !
Un excellant film en 2D comme " Parle avec elle " vaut toutes les 3D bling-bling.