mercredi 17 décembre 2008

UK. TV. The IT Crowd, la série qui se moque des nerds!


Allez autant vous le dire tout de suite, "The IT Crowd" est une brillante sitcom sur les nerds et geeks de tout poil. On y suit avec bonheur le triste sort de Roy (l'ours irlandais mal rasé fainéant et adepte de junk food) et Moss (le binoclard introverti qui vit encore chez sa mère), les ados vieillissant qui constituent à eux deux le département informatique d'une grosse société.

Bien évidemment, ces deux zozos sont confinés au sous-soul de la société où ils vivent en quasi autarcie dans un gros bordel constitué d'épaves d'ordinateurs, de jeux vidéos et de multiples tasses de café à moitié vides. Ils répondent à tout appel provenant de l'extérieur (le reste de la société) par un sempiternel "Avez vous vérifié si votre ordinateur est bien branché?". Car c'est là bien le malheur de tout nerd : être continuellement dérangé par des non nerds qui ne connaissent rien à l'informatique et qui posent toujours les mêmes questions stupides.

Malheureusement pour eux, leur antre va bientôt être prise d'assaut par une créature d'un autre monde : Jen, une jeune femme qui est censée diriger le département informatique, c'est à dire eux! Le monde à l'envers car c'est bien connu, aucun individu de sexe féminin ne sait manipuler un ordinateur. Ce qui n'est pas vraiment faux en ce qui concerne Jen. Complètement incompétente, enchainant les rendez vous amoureux foireux, elle joue cependant tant bien que mal le rôle de l'adulte veillant sur un duo de vieux adolescents.

Parmi les personnages récurrents on trouve des caractères hauts en couleur comme le PDG de la société, Denholm Reynholm, un égocentrique qui dirige sa société à coup de concepts de management délirants (les toilettes mixtes,...) censés doper la productivité, ou encore le sinistre Richmond (joué par l'excellent Noel Fielding), l'ancien yupee devenu gothique et enfermé dans un placard au sous sol de la société.

"The IT Crowd" ne se veut pas réaliste pour un sou (encore que son portrait du nerd de base est bien vu). Il adopte un ton de farce qui le rapproche davantage du sitcom anglais classique que du "mockumentary" aujourd'hui très à la mode à la télé anglaise (et dont le chef de file est bien entendu le cultissime "The Office").

Derrière la réussite de "IT Crowd" on retrouve le scénariste irlandais Graham Linehan, qui malgré son jeune âge (il a 40 ans), s'est retrouvé derrière de grands succès de la télé anglaise dont le célèbre "Father Ted" qu'il a créé avec son complice Arthur Mathews, ou encore l'excellent "Black Books" avec Dylan Moran.

La série inaugurée sur Channel 4 en 2006 en est aujourd'hui à sa troisième saison. Elle est diffusée dans le monde entier (en France sur TPS Star), et a fait l'objet de deux tentatives de remakes avortés aux USA et en Allemagne où ils ont dû faire face à une foule de fans pas contents. Il faut dire que tous les nerds de la Terre ont Internet et ils sont très chatouilleux sur les tentatives de reprise de l'une de leur série préférée.

mercredi 10 décembre 2008

USA. TV. Dexter. Un serial killer qui vous veut du bien.


"Dexter" n'est pas vraiment une nouveauté mais je dois vous dire que je ne l'ai découverte que récemment. Pendant longtemps, le thème du serial killer, l'un des plus usés par les scénaristes américains avec la mafia et le Vietnam, a créé chez moi un véritable blocage.

Pourtant, un serial killer comme héros d'une série américaine, voilà un concept assez innovant. Soit, depuis quelques années, la télé américaine a montré qu'elle savait construire des séries autour de personnages troubles ("The shield" et "Sopranos" en sont les exemples types), mais cela reste assez rare.

Après avoir rendus attachants un parrain de la mafia et un flic véreux, nos amis américains allaient ils réussir la même chose avec celui qui n'est pas loin de se rapprocher du méchant absolu?

Dexter est un homme bien installé dans la trentaine, travaillant pour la police de Miami en tant qu'analyste spécialisé dans les tâches de sang. Mais c'est aussi un serial killer qui pratique son art selon un code de conduite que lui a appris son père adoptif Harry Morgan, ancien policier aujourd'hui décédé. Selon ce code, il ne doit tuer que des assassins qui sont passés à travers les mailles de la justice et dont il peut prouver la culpabilité. Introverti dans la vie quotidienne, complètement déconnecté de toute émotion, il a appris à simuler pour cacher son identité de monstre.

Dexter fait donc tout pour avoir des relations normales avec les gens qui l'entourent : ses collègues de travail, sa soeur ou sa petite amie (mère de deux enfants). Parfois quelques personnes arrivent à percer sa carapace et à deviner le monstre derrière le masque de garçon trop parfait, mais pour tout dire, cela se finit rarement bien!

"Dexter", basée sur des romans de Jeff Lindsay, lancée sur le réseau Showtime en 2006, en est aujourd'hui à sa troisième saison et a été confirmée pour deux autres saisons. La raison du succès : tout d'abord l'excellent jeu de l'acteur qui incarne Dexter (Michael C. Hall finalement pas si éloigné de son rôle d'homosexuel introverti dans Six Feet Under!). Ensuite, un ton très particulier : la série a un rythme assez lent (les épisodes durent 50mn), et un humour noir très présent particulièrement à travers la voix off de Dexter (pendant longtemps, la voix off a été mal considérée chez les Américains, mais elle fait aujourd'hui un comeback fracassant dans les séries ). La voix off permet de donner plus de profondeur à la série, et de nous rapprocher du personnage de Dexter qui, sinon, pourrait paraitre un peu trop distant et froid pour attirer la sympathie et même l'intérêt à long terme.

Finalement, Dexter est loin d'être un serial killer type Hannibal Lecter. Son code de conduite le rapproche plutôt d'un justicier aux méthodes quelque peu expéditives. Mais après tout, à moins que vous cachiez quelques cadavres dans votre placard, vous n'avez rien à craindre de lui. La morale est sauve? C'est un peu la question que pose la série depuis maintenant trois saisons. Pour l'instant, la série a su renouveler l'intérêt du téléspectateur, mais la saison de trop est toujours à craindre.

PS (UPDATE): à noter que Canal Plus vient de lancer la saison 2 en janvier 2009 en grandes pompes sur les écrans français à coup de pubs et d'affiches un peu partout.

mardi 2 décembre 2008

UK. TV. Le retour de "Survivors", une réussite?



"Survivors" est à l'origine une série diffusée par la BBC de 1975 à 1977. Elle a été créée par Terry Nation, l'un des grands monsieurs de la SF anglaise, créateur également de la série Blake's7 et des Daleks (les ennemis jurés du Doctor Who). Il a également participé en tant que scénariste aux séries anglaises les plus populaires des années 70 : de "Chapeau melon et bottes de cuir" à "Doctor Who" en passant par "Le Saint" ou "Amicalement vôtre".

"Survivors" raconte le destin en Angleterre de quelques uns des rares survivants de la race humaine suite à un virus mystérieux qui a emporté 99% de la population en quelques jours. Les survivants doivent apprendre à survivre dans un monde sans électricité, ou pour s'en sortir il faut piller, savoir conclure les bonnes alliances, éviter les gangs,...

La série originale "Survivors" est un prétexte à des galeries de portraits, généralement peu flatteurs pour une humanité sans foi ni loi prête à tout pour survivre et véritable loup face à ses propres congénères. Comme dans la version originale, le personnage central est une femme au foyer de la quarantaine qui part à la recherche de son fils qu'elle pense encore en vie. Sur son chemin, elle va croiser différents personnages au passé très divers (différents dans la version originale et celle de 2008) : un jeune arabe aisé, un enfant asiatique musulman, une ancienne doctoresse, un meurtrier, un individualiste forcené,...

"Survivors" s'inscrit totalement dans la tradition anglaise apocalyptique de la SF. Un ton très pessimiste qu'on retrouve dès les années 50 dans les premiers piliers de la SF british : "Quatermass" ou l'adaptation de 1984 de George Orwell, tous les deux signés par le génial Nigel Kneale.

La version 2008 de "Survivors" (actuellement diffusée sur la BBC) est relativement fidèle à la version originale dans le ton global de la série (pour les deux premiers épisodes) mais se focalise nettement plus sur l'espoir (probablement pour que la série soit moins déprimante!), y ajoute plus d'action et des acteurs des diverses minorités ethniques (pour le politiquement correct - on frôle le ridicule!) et surtout un embryon de thèse du complot (qui rappelle les plus mauvaises séries américaines - et qui je l'espère ne fera pas trop de dégâts sur la suite de la série).

Autre différence de taille, l'origine du virus qui reflète les peurs de l'époque. Dans la série originale, le virus provient d'un scientifique qui a été infecté suite à un accident dans un laboratoire secret. Dans la série de 2008, le virus est identifié comme une pandémie de grippe aviaire d'une virulence inconnue. En outre dans les premiers épisodes de la version 2008, il est sous entendu que la pandémie pourrait avoir été créée volontairement (la théorie du complot).

En nous proposant aujourd'hui une nouvelle version de "Survivors", quelque peu édulcorée, la BBC voudrait peut être connaitre le même succès qu'avec son plus gros hit actuel (également de la SF bien qu'au ton plus familial) : "Doctor Who". D'ailleurs la BBC n'a pu s'empêcher de faire un clin d'œil à sa série de SF phare du moment dans le premier épisode de "Survivors" avec l'apparition de deux stars de "Doctor Who".

La série enregistre de bons chiffres d'audience et il ne reste qu'à croiser les doigts avant de se faire un avis définitif sur la série (six épisodes en tout sont prévus). A noter que l'écriture du nouveau "Survivors" a été confiée à Adrian Hodges, le co-créateur de "Primeval" (théoriquement le grand concurrent du "Docteur Who"). On est heureusement pour l'instant encore à mille lieux de "Primeval", mais il ne reste qu'à espérer qu'il ne tombera pas dans les facilités scénaristiques qui sont l'une des marques de fabriques de la série de ITV. Et ça commence moyennement pour tout dire.