samedi 30 novembre 2013

Cinéma. USA. Pourquoi je n'ai pas aimé "Gravity"

Bah, au moins je me suis emmerdé à le voir, mais apparemment ça n'a pas dû être fun pour les acteurs non plus (vengeance !)
Les critiques ont été quasi unanimes. Le fameux site agrégateur Rotten Tomatoes recense un taux de satisfaction exceptionnel de 97%. Et, une fois n'est pas coutume, le public est tout à fait d'accord. Sur Imdb, le film bénéficie d'un score de 8,5/10. Du coup les caisses se sont remplies à grande vitesse. Selon Box Office Mojo, le film a rapporté 297 millions de dollars sur le territoire américain et 331 millions à l'international. Il devrait finir sa carrière en salles avec un chiffre d'affaires de 700 millions de dollars. Pas mal pour un film catastrophe sous forme de huis clos spatial avec deux acteurs, qui n'en a coûté que 100.

J'aime beaucoup la SF, et on nous promettait de superbes images de l'espace en 3D (le plus beau 3D depuis "Avatar", ce qui n'est guère difficile soit dit-en passant tant cette technologie est utilisée à tort et à travers depuis). J'avais également apprécié le précédent film de Alfonso Cuarón "Le  fils de l'homme" (2006). Je me suis donc rendu en salles peu de temps après sa sortie française avec optimisme.

Aurais-je donc été déçu ? Oui et pas qu'un peu. Laissez moi vous expliquer les raisons de cette déception si vous le voulez bien. Attention cette critique contient des spoilers (non que le suspense soit incroyable mais bon).


Alors oui, "Gravity" a une certaine audace formelle si on prend en compte que 80% du temps on ne voit qu'une personne à l'écran, l'actrice Sandra Bullock. Cette dernière joue ici le rôle de Ryan Stone, une scientifique qui accompagne une mission de routine dans l'espace commandée par l'astronaute vétéran Matt Kowalsky (George Clooney) présent les 20% restant donc.

Nous avons droit à dix premières minutes dans lesquelles il ne se passe rien. Nous admirons l'espace en 3D à peine dérangés par les blagues foireuses de Kowalsky qui trompe son ennui et celui des spectateurs (en tout cas ceux qui ne se suffisent pas de belles images). Oui c'est beau, mais évidemment l'espace c'est un peu vide hein. Et une station spatiale ce n'est guère esthétique. Donc on a surtout la Terre à admirer. Et ça va trois minutes. Prétendre que la 3D de "Gravity" enfonce celle d' "Avatar" a autant de sens que de comparer une toile d'un artiste du minimalisme à celle d'un peinte classique. Ce n'est juste pas la même chose.

Après l'introduction interminable, c'est le film catastrophe qui prend le relais avec Sandra et George (puis Sandra seule) qui errent dans le vide cosmique et essaient de passer d'une station spatiale à une autre avant que les déchets de satellites ne les rattrapent.

Et le problème c'est que la partie "film catastrophe" qui occupe le reste du film (80 longues minutes) n'est guère des plus passionnantes. Bon on voit Sandra tenter de s'accrocher à des bouts de station spatiale, essayer de faire démarrer des engins qu'elle ne connait pas (normal c'est pas une astronaute professionnelle).

Comme il y a seulement deux personnages, on pouvait s'attendre à une profondeur psychologique, à des personnages hauts en couleur. Eh ben non. La seule complexité psychologique du film, et qui donne un peu de relief au personnage de Ryan, c'est qu'elle a perdu sa fille dans un accident de voiture. Et donc forcément elle pense à sa fille et elle a la tentation d'abandonner la lutte pour la rejoindre. Séquence émotion. Et puis c'est tout ! Kowalsky reste un gros blagueur lourdingue jusqu'à sa disparition (et son pseudo retour - assez risible) et Ryan n'a pas d'autre épaisseur cachée. Rien. Que dalle. Elle a autant de profondeur que Barbie cosmonaute (ah si elle s'appelle pas Barbie mais Ryan parce que son père voulait un garçon, j'avais oublié).

"Gravity" nous donne aussi quelques séquences philosophiques. Réfugiée dans la station, Sandra enlève sa combinaison et se met en boule, le temps de se reconstituer. Oui comme un enfant dans le ventre de sa mère. A la toute fin du film (après s'être échappée par miracle de la capsule de secours qui a eu la bonne idée d'atterrir dans l'océan mais pas trop loin de la côte), elle sort de l'eau en rampant, se met à quatre pattes et puis se lève pour avancer sur une rive sauvage. Quelle belle métaphore de l'évolution (bon au moins le film n'est pas créationniste, c'est au moins ça je suppose) !

Je ne sais pas ce qu'ont fumé les gens qui osent faire une comparaison avec "2001 l'odyssée de l'espace" ou encore ceux qui disent que c'est le plus beau film sur l'espace jamais tourné.

Personnellement, je ne vois qu'un film pauvre en idées, lourdingue et sans aucune profondeur dont l'ultime qualité est de ne pas être trop long (on aurait pu couper encore cinq ou dix minutes mais 91 minutes est une durée acceptable pour que les spectateurs ne se sentent pas floués en payant leurs places au prix premium 3D ou Imax).



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